Punaises de lit : bien qu’interdit, l’insecticide Sniper continue de causer des intoxications parfois mortelles (2024)

Pourtant interdit depuis2013 pour les usages ménagers, un insecticide utilisé contre les punaises de lit ou les cafards est à l’origine d’un nombre croissant d’intoxications, parfois mortelles, selon une étude de l’Anses et des centres antipoison publiée ce mardi 5décembre.

Son nom pouvait le laisser penser, le Sniper fait peser des risques vitaux. L’Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire (Anses) alerte, dans un rapport publié ce mardi 5décembre, sur une recrudescence des intoxications, parfois mortelles, causées par un insecticide: le Sniper 1000 EC DDVP. Bien qu’il soit interdit depuis2013 pour des usages ménagers, ce désinsectiseur chimique continue d’être pulvérisé par des particuliers pour combattre les punaises de lit ou les cafards. Entre janvier2018 et juin2023, «les centres antipoison ont enregistré 170 événements en lien avec le produit, détaillent, dans leur communiqué, l’Anses, la Direction générale de la Santé (DGS) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). En tout, sur cette période 206 personnes ont été exposées».

Si le Sniper peut provoquer des troubles respiratoires, oculaires, neurologiques, des pertes de connaissance ou des allergies cutanées c’est en raison d’une substance active: le dichlorvos. Ingérée ou inhalée, cette molécule est toxique et peut être mortelle. Cette substance active, de la famille des organophosphorés, est classée parmi les substances possiblement cancérigènes par l’Agence de Protection de l’environnement des Etats-Unis.

Les intoxications dues à cet insecticide ont connu «une augmentation» récente, avec notamment 104 cas déclarés entre janvier2022 et juin2023, à «mettre au regard de la recrudescence des infestations par les punaises de lit», selon le communiqué. Rappelons qu’11% des ménages ont été infestés par les nuisibles entre2017 et2022, selon une estimation de l’Anses en juillet. Les toxicologues de l’Anses et des centres antipoison détaillent que si la plupart des intoxications recensées étaient bénignes, 8,6% d’entre elles étaient de gravité moyenne et 5,5% de gravité forte. Trois ont conduit à des décès. «À noter que 7 des 9 intoxications de gravité forte, dont les trois décès, étaient survenues après ingestion dans un but suicidaire», est-il précisé. Sauf qu’un décès plus récent en lien avec le Sniper 1000 est au cœur d’une enquête préliminaire ouverte fin novembre par le parquet de Lyon pour «homicide involontaire», «mise en danger de la vie d’autrui» et «vente non autorisée de produit dangereux».

Une enquête ouverte pour «homicide involontaire» en lien avec le produit

Comme le révélaient Actu Lyon et Le Parisien, un flacon de l’insecticide a été découvert au domicile d’un octogénaire décédé 29octobre, à Vénissieux (Rhône). Remarquant différentes traces de piqûres et des boutons sur son corps, le Rhodanien âgé de 83ans avait été persuadé d’avoir des punaises de lit dans son appartement, après des semaines de battage médiatique sur ces nuisibles. Pour 130euros, il se procure deux bouteilles de Sniper, les pulvérise dans son appartement. Quelques jours plus tard, l’octogénaire est retrouvé inconscient chez lui. Il est transféré en urgence à l’hôpital, où il perd la vie des suites d’une hémorragie cérébrale. Ayant retrouvé les flacons de l’insecticide au domicile de son père décédé, son fils a porté plainte et le parquet de Lyon doit maintenant «vérifier si l’usage de ce produit toxique a pu contribuer au décès».

Comme 60% des victimes d’une intoxication au Sniper 1000, l’octogénaire s’est procuré le produit à un vendeur à la sauvette. La substance se retrouve sur de nombreux étals de marchés, de bazars ou dans des magasins où elle est vendue dans l’illégalité, notamment dans le nord de Paris en Seine-Saint-Denis. Même quelques clics sur le Marketplace de Facebook ou sur différents sites étrangers permettent très simplement d’acquérir le produit pour quelques euros ou dollars, bien moins cher que les opérations de désinsectisations réalisées par des professionnels. «En général, les gens nous demandent les prix, environ 400€ pour un traitement contre les punaises de lit, et ils répondent qu’ils peuvent acheter un flacon pour moins cher et le faire eux-mêmes», expliquait à BFM Alexandre Woog, chef d’entreprise spécialisée dans la désinsectisation.

Face à la recrudescence des intoxications au Sniper, les autorités tirent donc la sonnette d’alarme sur la dangerosité du produit. Sur son site d’alerte Rappel Conso, le gouvernement sensibilise les consommateurs depuis le 8novembre au sujet des flacons de Sniper 1000 EC, en demandant de ne plus les utiliser. Le rappel s’affiche d’ailleurs en page d’accueil du site.

Punaises de lit : bien qu’interdit, l’insecticide Sniper continue de causer des intoxications parfois mortelles (2024)

References

Top Articles
Latest Posts
Article information

Author: Clemencia Bogisich Ret

Last Updated:

Views: 6375

Rating: 5 / 5 (60 voted)

Reviews: 91% of readers found this page helpful

Author information

Name: Clemencia Bogisich Ret

Birthday: 2001-07-17

Address: Suite 794 53887 Geri Spring, West Cristentown, KY 54855

Phone: +5934435460663

Job: Central Hospitality Director

Hobby: Yoga, Electronics, Rafting, Lockpicking, Inline skating, Puzzles, scrapbook

Introduction: My name is Clemencia Bogisich Ret, I am a super, outstanding, graceful, friendly, vast, comfortable, agreeable person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.